Les paroles prononcées lors du vernissage de ma dernière exposition font encore des vagues, deux mois plus tard, dans le petit monde du barbouillage angevin (voir article ici). Ce soir-là, au milieu d’un long exposé destiné à donner un historique et des propositions de lectures de mon propre barbouillage, j’avais fait part publiquement mais en quelques mots seulement de mes interrogations concernant les modalités d’attribution de l’espace, questionnant (gentiment) les choix artistiques de la commission municipale en charge de la programmation. Malheureusement, certains n’ont retenu que cela, alors que l’essentiel était bien ailleurs. Ce billet fournira donc à ceux-là davantage de grain à moudre dans leur moulin à paroles. A priori, le fonctionnement est le suivant : l’artiste souhaitant exposer dans ce lieu (très beau au demeurant) doit adresser un dossier de candidature, sachant que la salle est octroyée, moyennant finances, par périodes de 10 jours et que l’artiste prend également à sa charge les frais d’installation, d’affichage, de publicité, de vernissage, d’assurance, de gardiennage. La commission se réunit de temps en temps pour statuer d’exposer untel ou untel, et établir le calendrier des locations. Premier point : y a-t-il dans cette commission quelqu’un pour veiller, à partir de leur dossier, au statut des exposants, et pour informer les candidats ignorants (volontairement ?) de l’existence des textes légaux concernant la pratique amateur et la vente d’œuvres ? Deuxième point : cette municipalité cherche apparemment à donner une réputation à ce lieu (sinon pourquoi une telle commission ?) ce qui est fort louable, mais aussi j’imagine, et cela se comprend, à rentabiliser les investissements. Je confiais d’ailleurs (gentiment) aux élus présents ce soir-là “espérer ne pas faire honte au lieu en venant l'habiter 15 jours”. Rechercher la qualité et récolter un peu de finances : cette ambivalence est peut-être une explication de la sélection discutable des exposants, dont certains à mon avis (j’ai bien le droit d’avoir un avis) tirent le niveau plutôt vers le bas ou n’ont pas la légitimité (c’est avéré) pour prétendre vendre leurs œuvres. On aimerait savoir qui siège dans ce groupe de travail, et si un tel collège sait s’entourer de conseillers compétents. Je crois qu’une réputation se fait au prix de l’exigence (je n’ai pas dit : de l’élitisme). Troisième point : dans cette programmation figurent certains artistes (le mot est fort) invités par la municipalité, bénéficiant sans doute du privilège de la naissance ou de la résidence dans la bourgade (cela ne donne pas nécessairement le talent), ce qui, j’imagine, les dispense de tous les frais cités plus haut et de voir leur dossier passer devant cette fameuse commission. Et on en profite pour se faire remettre des prix bidons par des copains, comme cela se fait partout et depuis toujours, sous l’œil bienveillant d’une presse locale… empressée. Peu importe donc si ce qu’ils exposent est à la peinture ce que ma cuisine est à la gastronomie. Et si d’un côté mes gentilles petites questions (perfides, dit-on) font parler certains, d’un autre ces piètres expositions font enfler une rumeur évoquant une programmation inégale dans une belle salle sous-employée… Chacun entend les bruits qu’il veut, n’est-ce pas ? Alors oui, je persiste à signer mes paroles du vernissage, dans lesquelles ma seule prétention était d’espérer voir dans ce lieu rénové et dédié aux artistes des expositions dignes de la qualité de son espace, me disant que si cela jase autant depuis, c’est que j’ai peut-être (gentiment, pourtant) touché un point sensible.