Un
pléonasme, encore : l'art engagé
*
Les absents
vivants ont toujours tort. Les autres n'y sont pour rien.
*
Prendre un
dessin comme on prend note, comme on prend un amant, ou comme on prend son
amant ?
*
Rien comme
les autres : dans le travail de peinture, être méthodique c'est commencer ici,
là, à droite, à gauche, en haut et en bas, être partout à la fois, ne rien
finir.
De même, être
observateur c'est saisir le tout, mépriser le détail, écraser la petite bête.
Rien comme
les autres, je vous dis.
*
Entendue
lors d'une émission de radio publique vulgarisante depuis le salon du livre de
Paris sur le thème "comment se faire publier", la question suivante :
faut-il lire pour écrire? Un intervenant répond : "une vache ne boit pas
de lait". Ce à quoi j'aurais rétorqué : "oui, mais les
camions-citernes font le plein". Mais je n'étais pas invité.
*
On ne
reprise pas ses souvenirs déchirés. Mais on ne les jette pas non plus. Alors on
vit avec les accrocs.
*
Des nouveaux
artistes réalisent des magnifiques tableaux Excel.
*
Dessiner à
la sanguine le jour où la modèle est indisposée : esprit d’à propos ou
simple coïncidence ? Peu importe, le dessin lui-même sera un euphémisme.
*
Déjeuner estival
au jardin après une matinée d'atelier. J'entends un pic épeiche planter son
clou dans le bois du vieux noyer. Je dois lui livrer une toile ce soir.
*
Le principal
ennemi du dessin, ne serait-ce pas la désinvolture ?
*
Entre chien
et loup, plus près du loup, chauve-souris.
*
Face à la
peinture, on est seul.
Dans la
peinture, on ne l'est plus.
*
D'où vient
cette habitude si répandue qu'ont ces gens de terminer chaque phrase, quelle qu'elle
soit, anodine ou sérieuse (rarement profonde, c'est entendu), réflexion, récit
ou anecdote, par un rire idiot, de toute façon ?
Le pire
étant, juste avant le rire, le "voilà quoi ".
*
Un
jour sans vent, les goélands posés n'ont aucun sens commun.
*
Rester
jeune, c'est garder le bec et les ongles
*
Je ne
supporte pas que l'on confonde philosophie avec résignation, acceptation, ou
fatalisme.
*
Une des plus
belles baies d'ici, essentiellement d'or et d'azur (Léonard), encaissée profondément entre
l'horizon et le graphisme sec de ses roches virides, au sable
épais et blond, à la lumière subtilement suspendue entre la transparence de
l'air et l'écrasement des chaleurs, pleine du silence coloré de l'écume
mourante et des enfants qui jouent à perdre leurs illusions (le rempart tiendra
devant la marée montante). Deux jeunes idiots, leur technologie en main :
"y a pas de réseau, c'est de la merde cette plage !"
*
Argumenter
par écrit évite d'être interrompu
*
"Il
n'y a pas de mots", lieu commun utilisé bien souvent, trop souvent, par
des concernés de loin ou par ceux qui ne s'attendaient pas à ce qu'on demande
leur avis sur un drame. D'une part, "il n'y a pas de mots", ce sont déjà
des mots, et d'autre part, si, il y en a bien d'autres, une infinité. Mais il
faudra faire un effort.
*
La
parole se vide jusqu'à devenir creuse, voilà quoi, hi hi !
*