Le silence est parfait, on entend les
mouches ne pas voler.
*
Tourner sept fois son pinceau dans…
*
L’encre ne cache rien, ne ment jamais,
on y décèle absolument tout, le geste, la reprise, l’intention, l’hésitation, l’élan,
la peur. On peut même y lire l’avenir.
*
Le vent souffre
*
Des clés pour la peinture ? Point
trop n’en faut, un trousseau serait encombrant, lourd et passablement bruyant.
*
La tête piquée d’épingles
*
On ne noiera jamais le poisson dans
l’encre
*
Un prêté pour un rendu : une
volée de cloches aux heures de prière n’appelle de ma part, en retour, qu’une
volée de bois vert.
*
Il ne suffit pas pour poétiser
d’associer des mots de manière hermétique, aléatoire, absconse, surréaliste, inponctuée,
en leur donnant des airs. Quelle poésie si on ne devine pas entre les
caractères s‘ouvrir une fêlure ou s'esquisser un secret ? Si, à deux doigts qu’on était de découvrir le
mystère, on ne le sent pas se dérober toujours, filer entre les lignes ?
Cette lecture en quête de trésor (et non de compréhension) ouvre un espace au
mouvement de la pensée, à son errance. Non, il ne suffit pas pour poétiser de
mettre bout à bout des mots — noirs ou jolis, peu importe — en inversant queue
et tête, quand elles existent, même si la queue rime et de pieds nous avons le
compte.
*
Elle a presque cinquante ans, un mari
qui travaille pour deux, elle s’ennuie au foyer, décide de s'adonner à la peinture
abstraite. Elle réalise alors des taches ménagères.
*
Faire
son deuil, c’est déposer les larmes (il est des sources qui ne s’assèchent
jamais).
*
Famille, faille, à une lettre près
*
Il est des faux-peintres comme des
faux-poètes : ceux-là posent des couleurs sur une surface imperméable à la
pensée et au secret, ceux-ci des mots sans fond patinant sur un papier glacé.
*
Un dessin se construit sur des
vestiges.
*
Il ne suffit pas pour peindre de
cracher de la couleur élégante, à la matière maniérée, en la structurant en
croix irrégulière autour d’un milieu légèrement déplacé, comme font la plupart
des médiocres auto-satisfaits de leur abstraction, qu’ils ont sans doute
apprise auprès de peintres qui structuraient en croix irrégulière, etc. Quelle
peinture si n’y percent pas la tragédie ou l’énigme ou tout cela en arrière, en
filigrane, serrées entre la trame et la chaîne ? Des vagues masses
esthétisantes noyées dans des effets diffus et obséquieux rehaussées de quelque
singerie graphique primaire n’ont jamais fait la peinture. Jamais la peinture
ne doit flatter sauf pour être exposée dans les magasins de meubles.
*
Un peintre en peignoir
*
Esprit mal tourné : lorsque l’on
parle des parties intimes, je ne peux m’empêcher d’y entendre le fond de la
pensée, celui de la mémoire, des secrets silencieux dans leurs replis les plus obscurs.
*
Entendu
malgré moi une conversation dans laquelle on évoque un film à très petit budget
dans lequel « 5 figurants se battent en duel ».
Le
compte n’y est pas.
*
Certains livres nous donnent tellement
qu’ils mériteraient non pas un signet, mais une
masse de signets qui, s’ils s’en échappaient, ressembleraient à une lourde mèche,
une crinière, une chevelure épaisse, et s’ils s’y inséraient tous pour nous aider
à ne rien perdre, feraient tellement souffrir tranchefile et reliure que ces ouvrages ne fermeraient plus, se
dessineraient courbes depuis le dos. De ces livres qui ne peuvent plus entrer sagement
dans la bibliothèque, qui ne peuvent être que posés quelque part, entrebâillés,
disponibles toujours.
*
Nous sommes nombreux à avoir tenté de refaire le
monde au cours de conversations animées, arrosées et enfumées, passionnantes,
mémorables. Nous avons tous échoué.
*
Le
vieux loup hurle à la mer
*