Ne rêvons pas, on ne surprendra jamais un artiste et son lieu dans la vérité du moment de travail, dans son désordre, son chaos personnel et quotidien, à moins d'une visite parfaitement inopinée. Lorsque les visites d’atelier sont programmées, annoncées, planifiées, promotionnées, on sait alors (mais se l’avoue-t-on ?) que les ateliers ont été arrangés pour cela. On verra bien le lieu et l’artiste, mais l’un et l’autre, pour recevoir, se seront toilettés, apprêtés, maquillés, habillés, endimanchés. Il manquera alors ce qui fait le véritable travail autour de l’œuvre.
Il faudrait, pour comprendre l’atelier, arriver par surprise, entrer sans frapper, être un visiteur sans-gêne, rompre brutalement la solitude du travail, déranger. Mais quel artiste accepterait cela ?
J’ai reçu dans mon atelier bien des fois, lors de journées organisées, ou pour des « rendez-vous d’affaires ». C’est un exercice bien particulier, très intéressant pour l’artiste, et je n’en doute pas, pour le visiteur, un véritable moment d’échange, le lieu favorisant les questionnements, aiguisant les curiosités. C’est un exercice que je pratique et pratiquerai encore à l’occasion, dans un mélange de plaisir et d'embarras.
On prépare le lieu, on se prépare, pour donner l’illusion au visiteur qu’il saisira un moment privilégié. On laisse traîner quelques œuvres en cours, quelques outils de travail, mais on prend bien soin de cacher les brouillons innommables, les échecs douloureux. On laisse à voir seulement ce qui peut se voir, on ne manque pas au passage de montrer quelques œuvres finies. L’atelier change alors de destination. Il est bel et bien devenu un lieu d’exposition. On se comporte d’ailleurs exactement comme lorsque l’on installe une exposition, on pense à l’autre, à son futur regard, on essaie de flatter ce regard. On tente aussi de créer la rumeur, la légende, de laisser des souvenirs frappants par quelques savantes installations, par quelques astuces spectaculaires qui illustreraient l’acte de création, et qui marqueraient la différence, l’originalité.
C’est bien comme du théâtre, la réalisation d’un décor, un arrangement, un artifice. Et quand le visiteur est là, l’artiste joue son rôle d'artiste, du mieux qu'il peut.
Visiter les ateliers d’artistes, comme cela se pratique de plus en plus souvent, ne manque pas d’intérêt. On peut, à cette occasion, faire de vraies rencontres avec des œuvres et, en plus de croire pénétrer dans les secrets des créateurs, on peut aussi en profiter pour apprécier et comparer les aptitudes de chacun en sa qualité de metteur en scène.
Quand la journée de visite s’achève, que tous les «intrus invités» sont partis, et qu’on revient sans son atelier, comme on le fait chaque jour, plusieurs fois, on retrouve le lieu comme violé, forcé, dérangé, on découvre partout et des jours durant les traces du passage des autres, et on le vit mal. Mais on l’a bien cherché.
Il faudrait, pour comprendre l’atelier, arriver par surprise, entrer sans frapper, être un visiteur sans-gêne, rompre brutalement la solitude du travail, déranger. Mais quel artiste accepterait cela ?
J’ai reçu dans mon atelier bien des fois, lors de journées organisées, ou pour des « rendez-vous d’affaires ». C’est un exercice bien particulier, très intéressant pour l’artiste, et je n’en doute pas, pour le visiteur, un véritable moment d’échange, le lieu favorisant les questionnements, aiguisant les curiosités. C’est un exercice que je pratique et pratiquerai encore à l’occasion, dans un mélange de plaisir et d'embarras.
On prépare le lieu, on se prépare, pour donner l’illusion au visiteur qu’il saisira un moment privilégié. On laisse traîner quelques œuvres en cours, quelques outils de travail, mais on prend bien soin de cacher les brouillons innommables, les échecs douloureux. On laisse à voir seulement ce qui peut se voir, on ne manque pas au passage de montrer quelques œuvres finies. L’atelier change alors de destination. Il est bel et bien devenu un lieu d’exposition. On se comporte d’ailleurs exactement comme lorsque l’on installe une exposition, on pense à l’autre, à son futur regard, on essaie de flatter ce regard. On tente aussi de créer la rumeur, la légende, de laisser des souvenirs frappants par quelques savantes installations, par quelques astuces spectaculaires qui illustreraient l’acte de création, et qui marqueraient la différence, l’originalité.
C’est bien comme du théâtre, la réalisation d’un décor, un arrangement, un artifice. Et quand le visiteur est là, l’artiste joue son rôle d'artiste, du mieux qu'il peut.
Visiter les ateliers d’artistes, comme cela se pratique de plus en plus souvent, ne manque pas d’intérêt. On peut, à cette occasion, faire de vraies rencontres avec des œuvres et, en plus de croire pénétrer dans les secrets des créateurs, on peut aussi en profiter pour apprécier et comparer les aptitudes de chacun en sa qualité de metteur en scène.
Quand la journée de visite s’achève, que tous les «intrus invités» sont partis, et qu’on revient sans son atelier, comme on le fait chaque jour, plusieurs fois, on retrouve le lieu comme violé, forcé, dérangé, on découvre partout et des jours durant les traces du passage des autres, et on le vit mal. Mais on l’a bien cherché.