En promenade dans l'Internet, je découvre un peintre (?) du Maine et Loire qui nous offre cette réponse improbable dans une «interview» figurant sur son site, datée de 2008 :
« En Moldavie, vous avez réalisé le portrait du président Vladimir Voronine et en France, celui de Cécilia S. (1). Pourquoi ?
—J’ai fait aussi le portrait de plusieurs personnalités de la télé, actuellement je peins Patrick Balkany, puis viendront ceux de Jean Reno, Laura Flessel et aussi José Luis Duran, président du groupe Promodès. J’aime peindre ceux qui font le monde. »
J’ai pensé d’abord à une blague, ou à un deuxième ou même troisième degré. En parcourant le site, il faut se rendre à l’évidence… C’est très sérieux, la plupart des autres textes qui y figurent en sont la preuve.
Si les gens dont parle notre ami font vraiment le monde, il va me falloir en trouver un autre.
Et s'il pense parler de portrait, je crois qu'il se trompe lourdement sur sa définition. Ses manifestes copies de photographies figées et empesées de vagues collages froissés et faussement usés, sans doute là pour "faire" contemporain, ne trompent pas un instant sur la marchandise.
Je crois que l'on confond ici représentation d'une tête et portrait. Notre grand peintre, qui affirme sans rire renouveler l'art du portrait (il y a vraiment des artistes (?) qui ne doutent de rien, et lui dans son genre est assez savoureux) aligne une galerie de bobines piquées dans le monde de la parade, de la télévision-esbroufe, de la politique-cirque, monde dans lequel il semble se complaire. On le voit photographié en présence de "célébrités" (par exemple une chanteuse oubliée ayant en son temps commis la pire des soupes musicommerciales).
Je finirai par croire que les officiels de l'art contemporain ont raison. Si ce genre d'artiste (?) représente la peinture, alors celle-ci est bien morte...
Mais revenons au portrait. Félibien disait à son époque que le peintre doit "joindre ensemble plusieurs évènements arrivés en divers temps". Il n'y a pas eu de progrès dans ce domaine, c'est toujours le cas, et c'est bien, en ce qui concerne le portrait, ce qui en fait la profondeur et la richesse. Il ne s'agit pas de représenter une image ou une expression ponctuelle et instantanée de son modèle, ce qui est plutôt le rôle (et l'art) de la photographie, mais bien de réunir plusieurs moments de son modèle, au sein de la même œuvre. Le temps de la photographie n'est pas le même que le temps de la peinture, chacun de ces temps, par ailleurs, étant fort respectable. Mais quand un peintre (?) recopie servilement une photographie avec de la peinture, il fait un mélange des deux temps parfaitement incompatible. Il ne parvient finalement qu'à desservir les deux médiums. Il assassine la photographie et massacre la peinture. D'ailleurs, imaginerait-on l'inverse ? Un artiste photographe prendre un cliché d'une peinture, et présenter celui-ci comme une œuvre d'art...
J'attends donc avec impatience l'exposition consacrée à Lucian Freud, qui s'ouvre ces jours-ci à Beaubourg, et que mon cher ami (faux) peintre devrait aller goûter. Nous y verrons là, sans aucun doute, des véritables portraits, et surtout, surtout, de la véritable peinture.
(1) Il y a des noms que j’ai du mal à prononcer ou écrire… L’interviewer, lui, n’hésite pas.
« En Moldavie, vous avez réalisé le portrait du président Vladimir Voronine et en France, celui de Cécilia S. (1). Pourquoi ?
—J’ai fait aussi le portrait de plusieurs personnalités de la télé, actuellement je peins Patrick Balkany, puis viendront ceux de Jean Reno, Laura Flessel et aussi José Luis Duran, président du groupe Promodès. J’aime peindre ceux qui font le monde. »
J’ai pensé d’abord à une blague, ou à un deuxième ou même troisième degré. En parcourant le site, il faut se rendre à l’évidence… C’est très sérieux, la plupart des autres textes qui y figurent en sont la preuve.
Si les gens dont parle notre ami font vraiment le monde, il va me falloir en trouver un autre.
Et s'il pense parler de portrait, je crois qu'il se trompe lourdement sur sa définition. Ses manifestes copies de photographies figées et empesées de vagues collages froissés et faussement usés, sans doute là pour "faire" contemporain, ne trompent pas un instant sur la marchandise.
Je crois que l'on confond ici représentation d'une tête et portrait. Notre grand peintre, qui affirme sans rire renouveler l'art du portrait (il y a vraiment des artistes (?) qui ne doutent de rien, et lui dans son genre est assez savoureux) aligne une galerie de bobines piquées dans le monde de la parade, de la télévision-esbroufe, de la politique-cirque, monde dans lequel il semble se complaire. On le voit photographié en présence de "célébrités" (par exemple une chanteuse oubliée ayant en son temps commis la pire des soupes musicommerciales).
Je finirai par croire que les officiels de l'art contemporain ont raison. Si ce genre d'artiste (?) représente la peinture, alors celle-ci est bien morte...
Mais revenons au portrait. Félibien disait à son époque que le peintre doit "joindre ensemble plusieurs évènements arrivés en divers temps". Il n'y a pas eu de progrès dans ce domaine, c'est toujours le cas, et c'est bien, en ce qui concerne le portrait, ce qui en fait la profondeur et la richesse. Il ne s'agit pas de représenter une image ou une expression ponctuelle et instantanée de son modèle, ce qui est plutôt le rôle (et l'art) de la photographie, mais bien de réunir plusieurs moments de son modèle, au sein de la même œuvre. Le temps de la photographie n'est pas le même que le temps de la peinture, chacun de ces temps, par ailleurs, étant fort respectable. Mais quand un peintre (?) recopie servilement une photographie avec de la peinture, il fait un mélange des deux temps parfaitement incompatible. Il ne parvient finalement qu'à desservir les deux médiums. Il assassine la photographie et massacre la peinture. D'ailleurs, imaginerait-on l'inverse ? Un artiste photographe prendre un cliché d'une peinture, et présenter celui-ci comme une œuvre d'art...
J'attends donc avec impatience l'exposition consacrée à Lucian Freud, qui s'ouvre ces jours-ci à Beaubourg, et que mon cher ami (faux) peintre devrait aller goûter. Nous y verrons là, sans aucun doute, des véritables portraits, et surtout, surtout, de la véritable peinture.
(1) Il y a des noms que j’ai du mal à prononcer ou écrire… L’interviewer, lui, n’hésite pas.