Alors qu’il vivait dans une sorte d’isolement protégé, entouré d’elle, enroulé d’elle, il se voit précipité brutalement dans une solitude forcée, sans mesure.
Il attendait le soir sa visite à l’atelier, où elle venait, par un simple coup d’œil, exprimer son accord ou sa réserve sur le travail du jour. Aucun autre regard ne pouvait changer le tableau.
Comment ira-t-il à l’atelier, maintenant, puisque ce souffle d’elle n’y entrera plus ?
Quoi peindre, maintenant, et comment peindre ?
La peinture est en souffrance.
Hier peindre contre la médiocrité, contre la paresse, contre l’inutile, contre l’impatience et l’immédiat. C’était facile.
Aujourd’hui peindre contre le pire du monde, contre la violence, peindre avec le temps contre soi. Et pleurer de ne plus jamais vivre contre elle. Peindre aux larmes.
Ni chiffon, ni essence, ni gomme pour effacer chagrin, colère et révolte. Reconstruire dessus ? Foutaise. Remonteront toujours de sous les peaux colorées de la toile et du papier.
Et comment laissera-t-il à la porte de son imaginaire la fraction du temps meurtrier ?
(Mais de quel droit se plaint-il, alors que c’est elle qui…)
Comment fera-t-il pour être, maintenant ?
Peine perdue : toute solitude est désormais douloureuse.