vendredi 30 mai 2014

idées courtes #9



Être bien inspiré, ce n’est pas avoir l’idée, mais toujours un carnet sur soi pour éviter son envol.
 
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La vérité sort du trait des enfants.
 
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Peintre voyeur, voyant, voyou, voyageur? Voyons voir tout, partout, tout le temps.

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On peut mettre l’idée en cage, mais penser à laisser la porte ouverte.

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 La peinture est une surface s’inscrivant dans l’espace d’une pensée.

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Silence, ce sera notre dernier mot.

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De la reproductibilité de l’œuvre : pourquoi donc appeler faussaire celui qui se rapproche le plus du vrai ?

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Les dessous du tableau, ou l’intimité de la peinture.

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Le vent écrit sur l’horizon les arbres à l’italique. Un oiseau, allant dans son sens, trace l’accent aigu quand un autre, volant contre, se fait plus grave.

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Sans vision préalable de son travail terminé, il ne peut y avoir qu’errance. Pour certains, c’est le but.

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Les lignes du dessin  ? Des sentiments.                                     
L’esquisse ? Un pressentiment.

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D’un drame, certains s’en remettent (à la peinture).

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Chaque artiste a son biais, son travers, son sens, sa courbure, son ploiement, autant de faiblesses indispensables à son art. Il apprend chaque jour à se méfier de ceux qui filent droit avec la tête haute.

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Le papier à dessin est une forme de papier hygiénique.

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Une élève me confie ne plus sentir de progrès. Je crois qu’elle a tort : son niveau d’exigence augmente.

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Le rose n’est rien d’autre que du rouge ciel.

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Entrer son regard dans l’autre et y laisser une trace, c’est déjà le dessin.

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Il semble que l’époque veuille que l’on soit davantage en quête de spiritualité et moins d’intelligence.

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Contraster, c’est faire une économie de moyens.

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Sur un cartel, près de la toile : “propriété privée, prière d’entrer”.

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Pas d’art sans douleur, sans peur et sans reproches. Même pour peindre la joie.

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mercredi 14 mai 2014

Derrière la tête

 

Il m’a fallu du temps pour comprendre cette gêne ressentie à la sortie de l’exposition “Visages”, visitée récemment à la Vieille Charité de Marseille.

Si l’on ne peut rien reprocher aux œuvres elles-mêmes, d’une grande qualité (troublantes photos de Man Ray, visage effacé de Richter…),  je me suis demandé un moment si ce malaise ne venait pas du choix de certaines d’entre elles, dont le rapport avec la thématique peut sembler lointain. Je me suis cru parfois dans une de ces expositions très médiatisées au contenu finalement bien artificiel, aux confrontations, comparaisons ou arrangements tirés par les cheveux. Par exemple cette toile de Veličković, magnifique au demeurant, mais dont le rapprochement avec le sujet annoncé m’a paru assez nébuleux. Ou l’immense polyptique  de Desgrandchamps (qui pose la dérangeante question de l’adéquation entre la dimension du support et le sujet traité), dont je n’ai pas vu l’intérêt ici, et qui prend vraiment trop de place… Alors quoi ? Les chapitres, qui divisent l’exposition en plusieurs salles (visages de la société, de l’intimité, de l’esprit) ? À la réflexion, ils sont assez pertinents. Déception peut-être de ne pas trouver une exposition sur le portrait ? J’y attendais sans doute une collection plus représentative du visage dans l’histoire de l’art depuis le début du 20ème siècle jusqu’à nos jours et ai possiblement mal vécu de ne pas voir certains artistes y figurer (Modigliani, Freud, Matisse, bien sûr, et tellement d’autres : Garouste, Pignon Ernest, etc., qui pourtant ont profondément abordé le sujet), ce qui m’a laissé l’impression d’une installation assez distendue, hésitante, incomplète.

Non, tout cela peut encore passer. La gêne ne vient pas des œuvres, mais bien de leur accompagnement : en cause les cartels, très bavards, les plaquettes distribuées à l’entrée, tous les supports supposés aider le visiteur et qui, une fois encore, lui imposent une lecture des œuvres, lui assurant avec aplomb ce que l’artiste à voulu traduire, lui expliquant pourquoi tel cadrage, quels sentiments  se dégagent de telle ou telle image ou partie d’image, etc. La palme au commentaire sur l’inévitable bestiole géante contemporaine qui hante désormais chaque exposition ou presque, ailleurs lapin gonflable, ici peluche démesurée (“Spaghetti Man” de Paul Mac Carthy) qui, affirme-t-on, “jette un regard autrement critique sur la puritaine aseptisation du sexe, tabou de nos sociétés contemporaines”. Et si j’ai envie, moi aussi, de poser un regard “autrement critique” sur cette œuvre, et d’y voir une simple fumisterie ?

Pas assez de conditionnel dans les textes associés, pas assez de suppositions, de propositions, d’éclairages ouverts. Pas assez de silence, trop de discours, de dissertation. Il me faudra un  jour revenir sur cette maladie très contemporaine de “médiation” entre public et œuvres, qui trop souvent ressemble plus à un exposé autoritaire, voire à un dictat, qu’à une suscitation d’ouverture d’esprit.

Lieu oblige, les commissaires ont probablement ici, dans cet ancien hospice, voulu être charitables devant notre inconsistance culturelle et sensitive. Malheureusement, ils n’ont réussi qu’à alourdir le propos.