Voir et comprendre pour aussitôt perdre et se perdre,
sentir, ressentir, pressentir, sans jamais tout à fait assentir, discerner, goûter, réfléchir, penser surtout
inventer d’après les autres et le monde autour,
pour être soi mais seul donc vivant et transmettre
pour nous entourer, nous chercher, nous ouvrir et ne pas nous trouver, surtout pas
résister, parfois fuir mais pour affronter ailleurs, autrement
pour tenir tête aux maîtres à penser et à faire et à dire
rester éveillé, sensible, touché, à portée de main des yeux de la fleur de peau de l’être, ne serait-ce qu’un peu, un rien pris au tout
un rien du tout pour avancer, s’élever, voler
nous relever
pour éprouver le temps pesant, épais, consistant, et en rapporter quelques morceaux dans sa poche, pour renifler l’humanité, descendre de son mépris, converser dépouillés de nos refus, pour ne pas prier ne pas suivre ne pas croire ne jamais croire au risque de ne pas croître
pour le mystère, le secret, le supposé, le voyage au fond
pour ne rien terminer, même pas sa vie, même pas
pour aimer ou hurler et le lendemain haïr et pleurer, ou le contraire
se parler s’écouter s’entendre à mots ouverts
pour construire bâtir habiter
et j’en passe
(pourvu)
que l’art soit avec nous.