Belle contradiction faisant mystère que je ne me lasserai pas de fréquenter du regard : haute et droite dans l’espace, la sentinelle flottée gardienne des souvenirs indéchirables, désormais debout et tranquille, portant au ventre l’enveloppe des gonflements fracassés de la mer en humeur mauvaise, l’écume aux lèvres des houles, veille au grain calme, apaisant les mémoires ventées de son bois presque minéral craquelé fendu fissuré faïencé mais à toute épreuve, sauvé par l’artiste des vases salées d’un cimetière marin. Il l’a relevée, maintenant verticale comme un trait vif coupant l’air sans le blesser qui arrête l’œil de son point blanc ficelé et nous offre par là toutes les voies de récits. Un ballot d’histoires d’hommes et d’océans, un cœur de voyage palpitant à chaque nouveau regard enfermé là dans la terre blanche où chacun puisera ses propres lieux d’aventures. Ruisselants des embruns de nos histoires, nous ne sècherons jamais tout à fait.
Patrice Lebreton, Paquet de mer
bois, métal, porcelaine et ficelle, 200 x 20 x 5 cm environ, collection privée.
(Œuvre reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteur)