/combien de professeurs d’arts, plastiques ou non, ou
d’histoire de l’art, d’artistes enseignants, d’animateurs d’ateliers, etc., de
la région, seront allés ou auront conseillé à leurs ouailles d’aller découvrir
l’actuelle et finissante exposition du Musée des Beaux-Arts d’Angers ? Une
enquête serait bienvenue /
/La fabrique de l’œuvre / le mot fabrique me plaît / me renvoie à Ponge /une présentation qui va au cœur des questions de l’art, le dessin comme outil, comme expression de l’idée, comme projet, etc. Le public fréquente-t-il cette exposition ? Le dessin a mauvaise réputation. Austère, technique, confidentiel. De bien belles feuilles / en d’autres temps, j’aurais médit sur le musée qui une fois encore ne peut s’empêcher de glisser du contemporain, en l’occurrence du dessin, dans une présentation parallèle à l’exposition annoncée. C’est une manie de l’époque. Une manie mondialisée. Ici, Intentions graphiques s’ajoute à La fabrique de l’œuvre. Reconnaissons que pour une fois, la séparation est claire, le contemporain dans d’autres salles ou dans l’escalier descendant aux “anciens”. Ce qui a le mérite de poser la question de la datation. Cela ne veut rien dire, contemporain. C’est du dessin ou ça n’en est pas / avant comme maintenant / pourquoi tenter de redéfinir le dessin ? Il y a chez les anciens une copie de Greuze par un anonyme qui est sans intérêt, ce n’est pas parce qu’elle a été exécutée au XVIIIe et présentée au musée qu’elle a une valeur autre que celle d’un témoignage de la médiocrité au travers des âges. Idem chez les labellisés contemporains, un dessin faussement puéril (une malhabileté désagréablement intentionnelle pour une image invertébrée) de Parsy a encore moins d’intérêt, surtout pas celui d’un dessin d’enfant / pourtant suis pas du genre à prendre une œuvre au 1er degré /pas anonyme celui-là, au contraire même : attesté /universel dans sa faiblesse, et qui de mon point de vue n’a pas sa place dans un musée. Mais l’auteur descend des Beaux-Arts, copine avec les habituelles institutions, etc. / je ne m’explique pas le texte que Philippe Forest lui a consacré et qui évoque Cézanne et Monet… / il y a en revanche salle de l’entresol un fusain monumental (et contemporain) de Markovic, impressionnant, façon manière noire, sombre et ouvert, et qui véritablement interroge /engage à lui seul une réflexion sur la dimension, l’exécution, le modèle (la source), le temps, et soulève bien d’autres questions /
/retour aux salles du dessin ancien, une très judicieuse scénographie, soignée, pédagogique, lisible. On ne prend pas le visiteur pour un idiot, au contraire / belle utilisation des collections intimes du musée / il faudrait instaurer une journée du dessin / et puis non : le dessin n’a pas besoin de troupeau et on mélangerait tout, une fois de plus. La confusion est grandement suffisante / le musée organise le temps de l’exposition des médiations, comme il se doit, pas oublié l’intention d’un prochain article sur les fameux médiateurs / nouveau métier de la culture / comme s’il fallait s’interposer dans un conflit / exposition copieuse et fort bien construite / le dessin comme œuvre ou comme préparatoire de l’œuvre. Magnifiques exemples techniques, des lavis, des sanguines, preuves, s’il en était besoin, que la composition se cherche, s’étudie, se construit pas à pas. Chaque problème va chercher une solution dans le dessin, chaque idée va germer, prendre sa forme, sa consistance, son intelligibilité dans le dessin / le dessin à part entière a aussi sa place, celui qui n’ira pas vers une peinture ou une sculpture ou une architecture, celui qui restera dessin, œuvre dessinée, qui se suffit, qui dit ce qu’il doit dire en tant qu’œuvre, et qui ne demande rien à la peinture /
/exposition ouverte qui permet des lectures variées, historique / technique / artistique / objet /sujet, etc. ou tout simplement de se laisser prendre par les images, sans recours aux cartels ou textes. Pour ma part, transporté par un paysage de Poussin, simple et évident et par un autre, éloigné dans le temps et très proche dans le sujet et l’esprit, de Friedrich / un trois crayons magistral de Rubens / une tache d’encre étude de cheval de Vernet, une seule masse pour dire la lassitude de l’animal dans la lumière vespérale rasante /
/le seul dessin qui vaille est celui qui ne se date pas/
/surtout, surtout ce lavis et plume de Rembrandt, qu’il me plaît d’imaginer décomposé en deux calques : l’un isolant le travail du pinceau, et qui figure le sujet, très formel. L’autre pour le trait de plume, d’une absolue liberté, une sorte de griffonnage nerveux, jeté et abstrait, apparemment sans aucun rapport avec la forme du dessous, sans doute exécuté en quelques secondes. Littéralement délié du lavis. Ni moderne, ni ancien, tellement loin de ces contemporains revendiqués, ou bien tout cela à la fois, une intemporalité qui le distingue, l’élève. Idéalement placée en fin d’exposition, cette feuille contraste absolument avec les lavis exposés en début du parcours, techniquement irréprochables et parfaitement scolaires. Entre les deux, l’accrochage nous propose un chemin rigoureusement roboratif /