mardi 27 mars 2018

Entrée libre, mais...


Madame, Monsieur,

Vous avez visité librement cette exposition, librement et gratuitement. Soyez remerciés de l’intérêt que vous avez porté à l’artiste et aux œuvres qu’il a souhaité vous montrer. Mais êtes-vous allés un peu plus loin, ou un peu en-dessous ? Vous êtes-vous demandé comment cette liberté et gratuité de regard ont été possibles ?
Allez-vous au cinéma, au concert, au théâtre gratuitement ? Vous sortez de cette exposition, votre regard empli de couleurs, de formes, d’émotions peut-être, offertes par l’artiste. Offertes. Pas imposées. Car à moins d’avoir été invité par l’artiste lui-même, vous êtes entré de votre plein gré.
Il me semble important, au risque d’entacher un peu votre plaisir, d’attirer votre attention sur le fait que tous les intervenants qui ont œuvré directement ou indirectement à cet évènement, pour que vous soyez accueillis, guidés, que l’espace soit agréable, que les œuvres soient mises en valeur de manière cohérente, ont été rémunérés pour leur travail ou leur service. Pour exemples : la collectivité locale qui a loué la salle à l’artiste, les employés et techniciens qui installent ou entretiennent, la compagnie qui assure le lieu et les œuvres, l’imprimeur des affiches et des supports, l’agence de communication, l’encadreur, le viticulteur ou négociant représenté au vernissage, etc. Tous, sauf l’artiste. Lui qui a rémunéré tous ces intervenants, il doit, parce que c’est la coutume — une bien étrange coutume — proposer l’entrée libre à cette exposition, et par dessus le marché, s’entendre parfois dire que le prix de ses toiles est trop élevé !
Vous seriez-vous déplacés, seriez-vous entrés s’il vous avait fallu débourser 3 ou 4 euros ?
Comment l’artiste vit-il ? De ses ventes exclusivement. Ventes évidemment hypothétiques, dépendantes tantôt de coups de cœur, tantôt d’actes de spéculation. Dépendance aux ventes qui peuvent, pour certains artistes, influencer leur travail, la nécessité de vendre pouvant parfois les pousser à prendre moins de risques, à proposer un travail plus accessible, plus facile, plus grand public, ou dans la tendance du moment… Ventes, donc,  qui doivent dans un premier temps couvrir les frais engagés pour organiser l’exposition. Doit-on ensuite parler du coût de fabrication, des matériaux, des outils, de l’atelier et de son entretien, des cotisations obligatoires, de l’imposition, etc. ? Non, ce serait trivial. Parlons seulement du travail quotidien, patient, méthodique, acharné, que représente la réalisation d’une toile, et l’autre travail non moins quotidien, patient, méthodique et acharné qu’il faut abattre pour qu’elle parvienne jusqu’à votre œil, exposée dans de bonnes conditions.
Dans nos provinces, il y a pléthore de propositions d’expositions, dont la plupart annoncent une entrée libre et gratuite. Expositions de groupes, salons, galeries, professionnelles ou associatives, ou expositions personnelles d’artistes (amateurs ou professionnels) désirant montrer et proposer à la vente leur travail (ce qui je le rappelle nécessite d’être identifié socialement et fiscalement, ce que beaucoup d’amateurs ignorent plus ou moins volontairement, mais c’est une autre question…).
Dans le premier cas, les expositions collectives, salons, etc., on peut se demander comment les organisateurs peuvent récupérer l’investissement financier. Le sait-on ? Souvent, ce remboursement est assuré au moins partiellement par la participation même des artistes, à qui l’on demande des droits d’accrochage, ou une adhésion obligatoire, ce qui revient au même. Ensuite, un pourcentage est prélevé sur les ventes.
L’artiste qui ne vendra pas en sera pour ses frais, alors que l’organisateur aura rentabilisé l’affaire. Pour peu qu’un sponsor soit partie prenante, c’est l’organisateur qui en bénéficiera directement, pas les artistes.
Mais d’où vient cette habitude des entrées gratuites à la plupart des expositions locales ? Voici une proposition de réponse : depuis toujours, des municipalités permettent à des associations, des groupements d’artistes du cru d’exposer en mettant à disposition des locaux, afin de favoriser les initiatives. En soi, rien de mal là-dedans. Sauf que depuis toujours, ces expositions sont un mélange confus de pratique amatrice et professionnelle. Et si l’on veut que ces évènements aient un certain succès populaire, il est nécessaire que l’entrée en soit gratuite (il est rare que l’entrée des vide-greniers soit payante…) On ne regarde pas la qualité de l’exposition, mais l’évènement, que l’on veut convivial avant tout, suffit à déplacer les visiteurs (mes voisins sont artistes !), qui ne s’engagent pas beaucoup, sauf à perdre éventuellement une heure. Et puisque les salles sont octroyées indifféremment aux artistes amateurs et aux professionnels, ces derniers sont bien obligés de suivre les habitudes ancrées, au risque, sinon,  d’accrocher leurs toiles dans des espaces dans lesquels personne n’entrera.
Autre raison possible à cette gratuité installée : les subventions qui permettent à des institutions de proposer une culture accessible à tous en favorisant l'entrée libre. Subventions évidemment couvertes par l’impôt.
Ma question est la suivante : quand les amateurs d’art accepteront-ils que l’entrée d’une exposition d’un artiste professionnel puisse être payante ? À quand les artistes plasticiens rémunérés lorsque l’on les utilise en produit d’appel pour une manifestation locale ? On leur fait croire que le simple fait de les exposer est une magnifique promotion, mais cela ne les fera pas manger, et ne leur permettra pas forcément d’acheter châssis, papiers, toiles et couleurs pour continuer. Pourquoi rémunère-t-on sans hésiter les artistes en résidence — c’est même très tendance, et jamais les artistes plus discrets, plus inhibés, moins expansifs, seulement accrochés, seulement représentés pas leur travail fini ? On finance plus facilement la démonstration que la monstration, on subventionne facilement la recherche quand elle est spectacle, rarement quand elle est discrètement inscrite dans l’œuvre aboutie.
Vous avez librement visité cette exposition, peut-être vous y êtes-vous nourris, avez-vous été touchés, garderez-vous ne serait-ce qu’une image avec vous. Emotions et souvenirs sont en accès libre. Profitez, c’est cadeau.

jeudi 1 mars 2018

idées courtes # 27



Aucune décantation de la pensée dans la critique immédiate, dans la réaction à chaud, le commentaire impulsif. Je préfère monter (ou descendre) les escaliers. La santé avant tout.

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On peut apprendre à peindre, mais on ne peut apprendre la peinture. 

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Mon ancienne devise : travailler, pas produire (A)
Ma nouvelle : tant bien que mal (B)
Ma prochaine : B + A

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Cette année, le jour de Pâques est inscrit au calendrier à la date du 1eravril. Je savais bien que tout ça n’était qu’une vaste blague.

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Suis-je un peintre ou un peignant ?

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— Allons ! Sois spontané !
— D’accord, je vais y réfléchir

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J’ai été reçu deuxième à un concours de circonstances. Un échec personnel.

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Qu’est-ce qui détermine que l’on fera une peinture avec l’huile, l’acrylique, la gouache ou autre chose ? Voilà en tous cas une question que les aquarellistes ne se poseront jamais.

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Si j’avais vu.

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Nombre de peintres trient leurs toiles sur le volé.

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Peintre ouvrier, mais pas encarté.

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Depuis trois jours sur la même toile, et tout reste à faire.

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Je n’aime pas que l’on me parle des peintres que je n’aime pas.

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Le peintre ayant perdu son chemin n’ira pas pour autant prier Saint Antoine ou Sainte Rita. On a sa fierté, dans le métier.

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Lorsque l’on se trouve devant une œuvre, ne devrait-on pas y percevoir, parmi ses mystères, une sorte d’inquiétude ?

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Plus que le paysage défilant, l’intéressant des voyages en train est dans la multitude des reflets à l’intérieur du wagon : vitres (jour et nuit), dessous des porte-bagages en perspective au-dessus des sièges, écrans des ordinateurs ou des téléphones, etc. Et ce qui s’y passe.

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C'est dans l'état éveillé que mes idées viennent. Jamais peint d’après un rêve.
Aimerais encore moins dormir.

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Mangerbougerpenser.fr

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Je ne m’adonne pas à la peinture, je me donne à elle.


Plusieurs artistes passés avant moi par ce monde semblent bien m’avoir emprunté quelques idées.

  
Il y a par chez moi certains peintres figuratifs dont j’aimerais que l’on fasse abstraction. D’un autre côté, dans le paysage artistique, quelques peintres abstraits font bien pâle figure.


Une goutte d’encre de Chine sur la neige.