vendredi 28 septembre 2012

journal d’exposition (3)


lundi
Relâche après tant de tension. Pas d’ouverture aujourd’hui. Je vais en profiter pour aller me vendre aux journaux qui ne bougent pas, à frapper aux portes des rédactions, à pleurer sur mon sort,  à réclamer que l’on s’intéresse à mon travail. Donner l’impression que l’ego réclame un papier à tout prix, qu’on est en manque de flatterie, alors qu’on estime qu’il est simplement normal (qu’il est juste normal, comme disent les déglingueurs de langue) qu’un authentique rédactionnel paraisse dans les quotidiens régionaux, objectif ou critique, peu importe, mais un compte rendu plus approfondi qu’une simple annonce de trois lignes raccourcies copiées collées depuis le dossier de presse, une information adaptée à un lectorat identifié. L’attitude de la presse locale laisse supposer plus d’intérêt —donc une information avantageuse— pour les expositions subventionnées ou officielles que pour les accrochages  indépendants, une inclination plus marquée pour les expositions géographiquement centrales que pour les périphériques. Un ami avisé et à la parole directe me lance : “t’es pas dans l’journal, t’existe pas”.
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Je profite de cette pause pour préparer l’atelier au retour des toiles, dans une quinzaine de jours.  C’est pour le moment un champ de bataille encore fumant marqué des traces de l’agitation du dernier travail et du déménagement des toiles.  Un tri et un rangement s’imposent, bien sûr, mais surtout il me faut recommencer quelque chose, pour que je ne me sente pas vide de projets au retour de l’exposition. Sinon, je risque de mettre des semaines à retrouver le chemin de la peinture. Alors, dans l’atelier déserté et silencieux, coloré du seul jardin par les vitres, je vais remplacer l’encre  écaillée au fond des soucoupes par de la neuve, profonde et liquide, redonner la souplesse aux pinceaux durcis, et tenter de composer mes “eaux de roches” qui dorment dans les carnets depuis plusieurs mois.