Au dernier étage du centre Pompidou, quelques mètres avant de pénétrer dans les salles consacrées à Dalí, la file d’attente devait passer sous deux écrans qui comptabilisaient en temps réel les entrées des expositions du moment, celle de Dalí donc, et celle de Bertrand Lavier, un des plus grands artistes français, nous dit-on, “légitime héritier de Marcel Duchamp” (dixit Dagen, Le Monde, 27/9/2102), d’une haute réputation, à la mesure de celle de Messager et Boltanski, c’est dire. Lancé en 69 par Catherine Millet, c’est re-dire… Le centre Pompidou fait son boulot de lieu d’art contemporain en consacrant des salles pour que le public se “déprenne de ses certitudes sur l’identité de la peinture, de la sculpture, de la photographie ou de la représentation” (dit un article sur le site de Beaubourg) en se confrontant à la “non-rétrospective” (dit encore Dagen) de Lavier.
Avant d’entrer dans l’exposition de Dalí, on pouvait apercevoir sur la droite quelques œuvres de ce fameux artiste plasticien français qui “interroge les rapports de l'art et du quotidien” (Wikipédia), mais surtout, et c’est frappant, le désert humain qui les entourait. Car personne ou presque ne s’y égarait ce matin-là, malgré les ronflants et nombreux articles de la presse, l’importante promotion et la magnifique situation : vingt minutes après l’ouverture du centre, les compteurs affichaient déjà pour Dalí plus de 300 âmes et pour Lavier… 4. Beaubourg ne manquera pas de communiquer bientôt sur les milliers d’entrées de l’exposition du Catalan, mais oubliera peut-être de le faire pour le Français.
Au bout du couloir, juste après les salles du grand artiste contemporain, et juste avant celles de Dalí, j’ai compté au même moment 6 personnes sortant des toilettes. Un succès pour Duchamp.