Edward Hopper, pour peindre en 1963 sa toile Sun in an empty room, aurait-il lu l'aphorisme de Lichtenberg J 330, écrit vers 1790 ?
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Je viens d’un milieu défavorisé : mon père était médecin
militaire et fervent catholique.
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Au diable les faux verts.
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Regarder un tableau ? Non, chercher à l’élucider, plutôt.
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J’attends d’une peinture qu’elle ne soit pas attendue.
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Un lieu commun sur le travail du peintre : il faut savoir s’arrêter.
Plus généralement, et on en parle moins, il faut savoir continuer.
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Une supposée idole fabriquée par les médias meurt comme tout le monde. Les journaux
imbéciles titrent indécemment : « La France pleure ». Pas moi,
je suis sec, j’ai donné ailleurs, quand cela valait
la peine.
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Pendant les travaux le tableau reste ouvert.
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Un chanteur transpirant meurt. Je suis triste. D’entendre ce vacarme obscène, de constater que nos vies seraient donc si vides qu’il nous faudrait les remplir par l’idolâtrie.
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Je parle à peu près correctement le français, je m’arrange avec l’espagnol, je baragouine l’anglais. En revanche, je maîtrise parfaitement le silence.
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Les rescapés d’une catastrophe remercient leur dieu de les avoir
épargnés. Ils ne pensent pas à lui reprocher de l’avoir provoquée.
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Visite d’atelier : âmes sensibles bienvenues.
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