Propositions
aux logisticiens des expositions : instaurer couloirs d’attente et
horaires réservés aux fous furieux de l’image numérique qui photographient les
bras tendus et au pas de course chaque toile puis immédiatement son cartel
(« on regardera ça à la maison »), sans jeter le moindre coup d’œil
direct à l’œuvre et en bousculant sans vergogne les pauvres types dans mon
genre qui aimeraient profiter calmement d’un temps de conversation silencieuse
avec la peinture et son auteur. Ou bien, à l’instar d’un vestiaire obligatoire
pour les porteurs de sacs à dos, imposer le dépôt des téléphones, tablettes ou
appareils photo avant toute visite. Il se pourrait que non seulement le calme
revienne, mais que les files d’attente diminuent considérablement.
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L’artiste a les mains dedans, le
philosophe la tête ailleurs.
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Conversation :
interrompre son interlocuteur, c’est avoir la prétentieuse certitude que ce que
l’on a à dire a plus d’importance que la parole offerte. Pour ma part, je
pencherais pour l’alternance, le va et vient, avec une inclination
supplémentaire pour réserver un silence ponctué entre l’un et l’autre, entre le
va et le vient, une courte marche de l’esprit d’escalier, un temps vivant de
réflexion pour un meilleur rebond des mots : conversation.
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Du
minimum vital au minimum létal, une existence fragile.
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—
Vous pêchez quoi ?
—
De la solitude et du silence, et jusqu’à maintenant ça mordait.
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Se
sent-on mieux dans sa peau lorsqu’elle est tatouée ?
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Conversation :
interrompre son interlocuteur, c’est avoir la prétentieuse certitude que ce que
l’on a à dire a plus d’importance que la parole offerte. Avouons que c’est
parfois le cas.
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Je
viens de commencer la lecture d’un livre qui ne m’est pas tombé des mains. Je
l’ai jeté par terre.
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—
À quoi penses-tu ?
—
Ce à quoi je pense m’appartient, figure-toi, et je ne suis pas prêteur.
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Un
gros bavard, ou l’adipeux qui (pourtant) parle beaucoup.
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Dans
un appartement de location, la tapisserie de la salle de bain était rehaussée
d’une frise de mots peints au pochoir, aux couleurs légères, sur un rythme
dansant : douceur, plaisir, sourire,
sérénité, amour, bonheur, calme, détente, rêve, joie, quiétude, amitié. Ils
se répétaient aléatoirement tout autour de la pièce sans que l’œil ne puisse
jamais les éviter. Malgré la brièveté du séjour, ma mémoire les a fixés et depuis
ils me hantent, ne me lâchent plus, ni la nuit ni le jour. Je suis devenu
nerveux, agité, violent, tendu, agressif, angoissé, j’ai perdu mes amours et
mes amis, ces mots hurlent et s’entrechoquent dans mes cauchemars.
Je
viens de laisser sur le site Airbnb un commentaire pour alerter les internautes
voyageurs.
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En
matière de comportement d’ours mal léché, j’ai trouvé mon maître :
Cézanne. Mais si nous parlions peinture ?
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La
cigale cymbalise, l’alouette grisolle, le bouc béguète, et le chat-huant nous vilipende.
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À
moi, peintre anosmique définitif, le droguiste ne sachant pas propose du white
spirit sans odeur.
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Plusieurs
groupes d’écoliers dans une grande exposition : bruit, cris, galopades,
brouhaha aigu, les enseignants qui tentent de se faire entendre en haussant le
ton, etc. Le tout augmenté et massifié par la résonance de l’espace.
Pourquoi,
avant d’expliquer le cubisme aux enfants, oublie-t-on de leur apprendre le
silence de la peinture ?
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—Pas
de souci ! répond le peintre.
(Mais
d’où sort-il, celui là ?)
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Entendu :
« faut voir à l’usure »
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Pour
revenir aux insupportables et dangereux photographieurs
numériques, compulsifs et surnuméraires encombrant les expositions, se
comportant comme s’ils étaient seuls au monde, davantage fascinés par le bidule
hi-tech qu’ils ont en main(s) (dont la carte-mémoire n’avalera que la surface
et qu’ils ne digèreront sans doute jamais) que par la pauvre toile pendue
devant eux, il semble que le « concentré de technologie » qu’ils
tiennent à bout de bras en s’y accrochant désespérément les vide de leur propre
faculté de concentration devant la réalité de la peinture et du monde qu’elle
propose d’ouvrir.
Se
rendent-ils compte que, dans leur objet transitionnel, ils n’emporteront jamais
l’âme de l’œuvre ?
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Lucidité :
même le plus sombre de nos existences devient très clair.
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On
me montre, pour avis, une photographie d’un portrait peint d’après une
photographie.
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Le
geste ridicule joint à la parole et figurant les guillemets (doigts crochus en mouvement
vertical de chaque côté de la tête qui profère l’ineptie), est un signe de plus
de l’anglicisation galopante. Car, pour être ici typographiquement correct, il
faudrait en l’air dessiner des chevrons.
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Mon
automne m’ennuie.
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Peindre ?
Peut-être pour comprendre ce que n’est pas la peinture.