samedi 26 janvier 2013

esquisse perdue

 

Fusain putain n'embrasse pas, ne reste pas, magnifique sur le coup

du plaisir

suit fusain suie sale

crisse baguette et casse et tombe

poussière s'accroche tant bien que mal

au vergé

pâlit sous le souffle doigts n’y font rien

brumeux sous la chiffe tout fusain de suite.

Sortie des réserves : molle matière grise voudrait éclairer

les oublis

mais des heures sourdes et longues à la joue du carton

passent ensuite laissant seul souvenir d’éclat.

Cela suffit, il faudra s'y faire

Noir (ivre) de tout bois.

jeudi 17 janvier 2013

Les bons comptes, ou la minorité visible

 

 Photo0085 Au dernier étage du centre Pompidou, quelques mètres avant de pénétrer dans les salles consacrées à Dalí, la file d’attente devait passer sous deux écrans qui comptabilisaient en temps réel les entrées des expositions du moment, celle de Dalí donc, et celle de Bertrand Lavier, un des plus grands artistes français, nous dit-on, “légitime héritier de Marcel Duchamp” (dixit Dagen, Le Monde, 27/9/2102), d’une haute réputation, à la mesure de celle de Messager et Boltanski, c’est dire. Lancé en 69 par Catherine Millet, c’est re-dire… Le centre Pompidou fait son boulot de lieu d’art contemporain en consacrant des salles pour que le public se “déprenne de ses certitudes sur l’identité de la peinture, de la sculpture, de la photographie ou de la représentation” (dit un article sur le site de Beaubourg) en se confrontant à la “non-rétrospective” (dit encore Dagen) de Lavier.
Avant d’entrer dans l’exposition de Dalí, on pouvait apercevoir sur la droite quelques œuvres de ce fameux artiste plasticien français qui “interroge les rapports de l'art et du quotidien” (Wikipédia), mais surtout, et c’est frappant, le désert humain qui les entourait. Car personne ou presque ne s’y égarait ce matin-là, malgré les ronflants et nombreux articles de la presse, l’importante promotion et la magnifique situation : vingt minutes après l’ouverture du centre, les compteurs affichaient déjà pour Dalí plus de 300 âmes et pour Lavier… 4. Beaubourg ne manquera pas de communiquer bientôt sur les milliers d’entrées de l’exposition du Catalan, mais oubliera peut-être de le faire pour le Français.

Au bout du couloir, juste après les salles du grand artiste contemporain, et juste avant celles de Dalí, j’ai compté au même moment 6  personnes sortant des toilettes. Un succès pour Duchamp.

samedi 5 janvier 2013

le contre et le contre

 

“Une seule issue : parler contre les paroles… Il n’y a point d’autre raison d’écrire”  (Francis Ponge)

 

 

Peindre contre l’ombre seule

l’oubli, évidemment

le froid des yeux

la peur du blanc puis celle du plein

la paresse et la foule

les feux mal éteints et la cendre froide

Peindre contre l’habitude insoutenable

contre les questions qui reviennent et pourquoi peindre et quoi peindre et pour qui peindre

 

peindre contre

les lieux communs, les déjà-vus

les vertiges, malaises, relâchements

père et mère et vents et marées

le bruit de la satisfaction

soi

les regard fuyants, glissants, sans arrêt pour contempler

contre la pose, la posture, l’imposture

la forme seule et le mépris

l’embonpoint

l’achèvement, la fin

le soir même

le vague et le vaguement, les désengagements ou les peut-être

peindre contre le sacré

les prêcheurs et les sermons

peindre comme vivre

contre tous les vents conjugués

et les temps contraires

peindre sur l’envers et contre tout

peindre et vivre contre : rien ne s’y oppose.