dimanche 4 octobre 2015

idées courtes #15



Peindre aujourd’hui est un acte de résistance.

*

Envisager des possibles dans un simple regard.

*

Peintre de chevalet pour l’huile, peintre de tapis pour l’encre.

*

Le clavier aura raison du cal de l’écrivain.
 
*

Sur mes doigts de peintre, le jaune de la nicotine a été très tôt remplacé par le noir de l’encre.

*

Nous n’irons pas plus loin que nos souvenirs.

*

Je résiste comme je peux peu.

*

Un ove et une ocre : la grammaire de l’art est bien délicate.

*

“Les Amis des arts”, association locale de la petite ville touristique de province, ouvre comme chaque année son exposition d’été. S’ils l’étaient vraiment, ils en interdiraient l’entrée.

*

Sur la plaque de zinc, je grave mon cas.

*

Qu’est-ce qu’un homme seul ? Un pléonasme.

*

Pour copier le dessin d’un autre, veiller à utiliser une mine anti-personnel.

*

Quand un solitaire meurt, que reste-t-il ?

*

Aussitôt dit, plus tard fait, le temps d’y réfléchir.

*

Il est parfaitement logique que les vendeurs de voitures soient vêtus comme les employés des pompes funèbres.

*

Je ne supporte pas les mouvements de masses. Sauf lorsqu’elles se dirigent vers mon exposition.

*

De la mauvaise peinture, on en ressort indemne.

*

Le titre de livre le plus absurde : “j’apprends à lire”.

*

Refaire sa vie suppose qu’elle a été défaite.

*

J’expose peu, sans doute parce que je résiste beaucoup. Ou parce que je parle trop. Ou trop fort. En réalité, on m’expose peu.

*

On parle toujours de la démarche d’un peintre. Jamais de ses démarchages.

*

Publier, exposer, etc. : se décharger pour que les autres s’en chargent.

*

Un de mes souhaits les plus ardents, lorsque je monte une exposition :  que les visiteurs entrent dans la salle et n’en sortent plus jamais.

*

De la peinture sans prétention ? de la foutaise.

*

Compliment à une femme : avec vos yeux magnifiques, vous devriez peindre.
(J’attendrais votre autoportrait avec impatience.)

*

Je mets tous mes espoirs dans l’échec de la peinture.
(Ainsi, je pourrai avancer.)

*

Se déplacer en terrain connu pour ne pas se déranger.

*

Je ne sais pas m’ennuyer, on ne m’a jamais appris.

*

La plasticité d’une œuvre, et sans doute sa qualité, résident dans sa faculté d’être ouverte aux émotions les plus contradictoires.

*

Les vides, dans la peinture, attendent toutes nos suggestions.

*

Une peinture  nous regarde autant que nous la regardons.

*

Je suis de ceux qui écoutent la mer non dans le creux d’un coquillage mais dans le plein d’un galet. En prime, j’y entends le ciel.

*

Certains tentent de comprendre et d’interpréter mes toiles en convoquant Freud. Pardon, mais ma peinture n’est pas un rêve.
Et il n’y a rien à comprendre.

*

Ma peinture, c’est mon envergure.

*

La peinture me permet de me taire.


*