vendredi 5 octobre 2012

journal d’exposition (11)


deuxième mercredi
Le vernissage, c’est pour parler écouter faire du bruit, pas pour voir. Pour cette raison, je reçois beaucoup de revisiteurs.
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Quand des artistes visitent l’exposition, ils viennent en voleurs, pour emporter des idées, des formats, des palettes, des intentions, des rapports, des procédés1. Ils viennent en confrères soutenir et encourager1. Ils viennent en rivaux, en animosité, en jalousies et en aigreurs1. Ils viennent en critiques, en subjectifs, en spécialistes, en connaisseurs1.

Ou ils viennent parler d’eux2 .
Etonnant ces artistes qui entrent dans l’exposition pour ne pas voir.
Ou ils viennent chercher des camarades pour jouer à l’ego.
Usent parfois d’une familiarité illégitime, comme si on était de la même bande.
Ou ils viennent en toute amitié vraie2.
Ne passent pas au vestiaire et gardent avec eux leur sac bourré d’arrière-pensées1.
Ou ils viennent en apprentissage1, parfois, ou au contraire en conseillers avisés. En simples curieux1, bien souvent. En espions, cela arrive.
Se posent en Maître, pour certains.
Ou ils se la jouent la ramènent se la pètent parlent fort déplacent du vent vain en uniforme d’artiste pleins de hauteur. Ceux-là m’obligent à faire courant d’air.
Ici pas de livre d’or : certains regrettent de ne pouvoir laisser leur trace1.
Ou ils posent des questions indiscrètes, touchant à l’intime, d’un sans-gêne sans nom sans titre. Par exemple : “tu emploies quoi comme colle ?”
Ou ils viennent voir la salle, en repérage1. Ou en marchands concurrents à l’affût des pastilles rouges2 évaluer si le marché se porte bien car c’est la crise comme chacun sait. “Ça marche en ce moment ? Tu as bien vendu ?” Entre commerçants, on peut bien se le dire.
Souvent, ils ne viennent pas1.
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Notes :  
1- Je fais parfois comme tout le monde.
2-Toute ressemblance est loin d’être fortuite.