lundi 1 octobre 2012

journal d’exposition (6)

 

jeudi

La réclame commence à produire ses effets, le nombre de visiteurs augmente. La particularité de cette salle  est que l’on y vient pour l’exposition. Avantage et inconvénient. Il n’y a ici que du passage intentionnel, rarement hasardeux.  Ceux qui ont fait le déplacement prennent de ce fait  le temps devant chaque toile (à part mon cycliste d’hier),  engagent facilement la conversation, et c’est pour cela que j’aime, quand je le peux, être présent au milieu des toiles. Non pas pour apostropher le visiteur, l’alpaguer, l’accaparer, j’en suis bien incapable, mais simplement pour être disponible au besoin d’échanger. En revanche, pas la surprise que pourrait avoir quelqu’un entrant à l’improviste, voyant de la lumière et de la couleur, qui découvrirait mon travail pour la première fois. Personne n’est véritablement neuf. D’une manière générale, l’exposition se tenant dans la région dans laquelle je (sé)vis depuis bien longtemps, la plupart des passants ne sont pas en terre inconnue. Il y a sans doute là un regret, une insatisfaction.

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Evoquer la technique est souvent une excellente entrée en conversation, beaucoup commencent par là, faisant mine de chercher un secret de fabrication, en réalité voulant aller plus loin dans la compréhension, car ils veulent savoir (et c’est légitime), comment surgit l’idée, d’où vient l’image, ce qu’elle veut dire, pourquoi telle couleur, telle forme plutôt que telle autre, etc.,  autant  de questions auxquelles de fait je ne peux pas fournir de véritables réponses. J’aimerais comprendre est peut-être la phrase la plus récurrente de la part des visiteurs qui parlent. A défaut de  pouvoir/vouloir les éclairer, j’éprouve, et je ne manque pas de le confier, un contentement à constater que ma peinture soulève des questions, ce qui conforte ma prétention de vouloir aller  plus loin encore dans  cette recherche. Quel meilleur compliment à la peinture qu’une question ? Aucun agacement d’entendre commentaires et réactions, positifs ou négatifs, dès lors qu’ils sont interrogatifs, conditionnels et non péremptoires.

Exposer, c’est aussi recueillir, glaner, engranger, faire des réserves de tous ces mots qui se disent ou ces silences qui se font devant le travail que l’on offre.